Le Mercredi était un jour très spécial dans la semaine de Jared, pourquoi ? Simplement parce que c’était le jour de l’entrainement de baseball et qu’il ne louperait ça pour rien au monde ! Bien sûr il fallait supporter les cours du matin, et ça par contre, ça cassait le mythe d’une journée parfaite ! Non pas que Jared détestait profondément les cours, plutôt qu’il en haïssait certain, et au sommet du podium : le cours de philosophie ! Socrate, Platon, Descartes, Kant, Nietzsche, et toute la bande n’était de toute façon que des illuminés ! « Je pense donc je suis », « Je ne sais qu’une chose : c’est que je ne sais rien. » Evidement que tu ne sais rien, ça se voit sur ta tête et ça se lit sur ton front ! Toute cette bande de prétentieux qui ne savaient que fumer de l’opium et qui prétendaient accéder au savoir par la destruction et le démantèlement des préjugés : Charlatan ! Et puis Monsieur Peterson, ce vieux fou, pervers, et pédophile qui croit qu’en nous parlant latin il aurait l’air plus intelligent… Pour Jared, les philosophes étaient des sortes d’extra-terrestres, dont le but sur Terre est d’effectuer un lavage de cerveau à la Jean Claude Van Damme… Le seul philosophe valable qu’il soit de toute façon, c’est Chuck Norris !

Heureusement dans toute cette matinée extrêmement inintéressante, s’il y avait bien un fait qui puisse lui remonter le moral, c’est qu’au moins en cours de philo il avait au moins une chance, soit de s’y amuser, soit d’y échapper. Cette chance, c’était Olivia, Olivia Anderson, la blonde la plus intelligente que ce monde puisse connaitre. Jared et elle, s’étaient rencontrés en cours, de philo justement… Monsieur Peterson, leur heureux professeur, c’était permis de critiquer Jared dès son arrivée en cours… Le malheureux, il ne savait pas à qui il avait à faire, Jared monta tout de suite sur ses grands chevaux, relançant le professeur sur sa propre tenue vestimentaire, lui crachant en plein visage qu’avant de critiquer son jean troué, il aurait mieux fait de s’occuper du pantalon de velours qu’il portait lui-même, et qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à celui de son arrière grand-père ! L’intervention avait fait rire la jeune femme qui s’était levée et avait pris son parti. Elle aussi avait le sens de la répartie, et il fallait avouer que l’amphithéâtre entier s’en était beaucoup amusé… jusqu’à ce que les deux jeunes étudiants aillent finir leur charmante discussion dans le bureau du proviseur. Et oui, les professeurs n’ont aucune répartie, ils savent juste s’en remettre aux plus hautes « autorités » !

Enfin bref, Jared se leva avec lassitude de son lit, et s’attarda sous la douche –après tout s’il manquait quelques minutes du cours de philosophie Olivia ne lui en voudrait pas, et puis se serait une bonne raison de déclarer la guerre à notre cher Monsieur Peterson !-. Une fois sorti de la douche, Jared sorti ses affaires de baseball, et rangea plus ou moins, dans une poche à part ses affaires de cours, soit un bloc note pour faire des morpions accompagné d’un ou deux stylos. Il se dirigea ensuite vers la cuisine, histoire de se remplir un minimum le ventre, et sorti de l’orphelinat pour se rendre à l’université à pied. Il marcha tranquillement, plus tranquillement que jamais, s’arrêtant pour saluer de temps à autre les personnes qu’il connaissait.

Arrivé devant l’université, celle-ci était déjà presque vide, il faut croire que Jared avait loupé l’heure de la sonnerie, quelle dommage… Il s’engagea silencieusement dans le couloir où se trouvaient toutes les matières littéraires, dont la philosophie, et s’arrêta devant la porte de Monsieur Peterson. Frapperait-il ? Ne frapperait-il pas ? Jared opta pour la deuxième option, obstinément décidé à animer la classe aujourd’hui. Il ouvra donc grand la porte, et sans même une excuse, ni même un regard au professeur, il s’engagea dans les escaliers au sommet de l’amphithéâtre pour y retrouver Olivia. C’est alors qu’il montait énergiquement les marches, et laissa tomber son sac sur la banquette près de son amie, que la faible voix du professeur retenti.

Mr Peterson - Bonjour Monsieur Sullivan, pourrions nous savoir où se trouve votre billet de retard ?
Jared - Oh je suis désolé Monsieur Peterson, celui-ci a du s’égarer pendant que je me battais contre les extra-terrestres qui m’ont kidnappé !

Cette dernière phrase de Jared eut pour effet de provoquer l’hilarité générale, hilarité à laquelle ne prit pas ce cher professeur de philosophie, et qui au contraire ne manqua pas de rappeler la classe à l’ordre, tandis qu’un brouhaha continuait de se faire entendre au sein de l’amphithéâtre.

A peine rentré en cours les hostilités commençaient déjà, et tant mieux c’est tout ce que Jared demandait. Son arrivée fut telle qu’il l’avait prévu, le pauvre Monsieur Peterson n’avait pas prévu que Jared ait décidé d’animer un peu son cours si ennuyeux. Le jeune homme fut d’ailleurs accueilli avec de larges sourires, ou de petits regards amusés, qui en disaient long sur l’ambiance du cours avant son arrivée. Comme d’habitude, Olivia était à la même place, en haut des escaliers, à gauche. Jared s’y lança, tandis que le professeur essayait de l’arrêter, en vain… Jared lui expliqua comment lorsqu’il s’est fait kidnapper par des extra-terrestres, il perdit le billet de retard que lui avait donné la vie scolaire, en signe de passage et d’autorisation à regagner les cours. Une fois arrivé près de son amie, il balança son sac dans la rangée et lui fit la bise, comme si de rien était, comme s’ils étaient dans la cour de récréation. Des pouffements de rire retentirent une nouvelle fois dans la salle, mais le professeur, visiblement dépassé par l’entrée en scène de son étudiant retourna à son bureau l’air consterné. Alors qu’Olivia allait parler, Jared lui coupa la parole, fermement décidé à provoquer son vieux professeur qui ne répondait pas à ses provocations… ce qui était plutôt ennuyeux pour Jared.

Jared – Dites Monsieur Peterson ! J’ai croisé votre fille en ville, elle est drôlement sexy ! Pourquoi vous nous en avez jamais parlé ? Au lieu de nous parler de tous ces bonhommes vieux de 5 000 ans, qui ne nous intéressent pas !
Mr Peterson – Jared ! Je ne vous perm…
Jared – Oh allez ne soyez pas si coincé ! Je suis sûr que je ne suis pas le seul à vouloir tout savoir de votre fille !

Des ricanements et sifflements se firent entendre dans la salle. Alors que Jared s’était assis sur sa chaise, se balançant les pieds posés sur le rebord de la table, le professeur lui était resté debout, poings serrés au beau milieu de la salle. Son teint rougit de colère, Jared commençait à attendre son but en temps record, c’était plutôt beau à voir. Etrangement il ressentit une sorte de grande fierté monter en lui, ce devait sûrement être le fait de sentir l’autorité de ce vieux Peterson qui en prenait un coup en plein dans son égo. Le silence de son vieux professeur était bon à voir, Jared tourna la tête en direction de Olivia qui semblait beaucoup s’amuser elle aussi. Il lui sourit et lui fit un clin d’œil, tous deux marquaient un point, car il semblait qu’Olivia ait déjà commencé à l’énerver avant son arrivée… Commençant à trouver la situation ennuyeuse, Jared sortit de son sac un Rumik’s Cube, et toujours appuyé sur les deux pieds arrières de sa chaise, et les pieds sur la table il commença tranquillement à jouer, toujours comme si de rien était… Pendant ce temps Peterson lui n’avait pas bougé d’un poil, il était comme immobilisé par l’impertinence de son élève, et la scène avait l’air de plaire au publique qui était lui aussi présent dans l’amphithéâtre.

Jared – Ho mais si vous ne voulez vraiment pas en parler on peut aussi changer de sujet… Je n’aurai qu’à lui demander moi-même après tout ! Elle fréquente quel genre de boîte ? Streap teaser ? Electro ? … T’en pense quoi toi Olivia ?

Jared regarda son amie d’un air interrogatif, comme si le sujet l’intéressait vraiment. Bien sûr ce n’était pas le cas, sauf s’il lui prenait l’idée de vouloir sortir avec la fille du professeur de philosophie pour le simple plaisir de voir sa réaction si l’élève qu’il détestait le plus ce mettait à mettre la main aux fesses de sa fille, de l’embrasser, juste pour l’énerver lui ! L’expérience pourrait être bonne à tenter… Il pourrait y réfléchir !

Jared – Ho mais si vous ne voulez vraiment pas en parler on peut aussi changer de sujet… Je n’aurai qu’à lui demander moi-même après tout ! Elle fréquente quel genre de boîte ? Streap teaser ? Electro ? … T’en pense quoi toi Olivia ?
Olivia – je pense Jared que si tu veux voir sa fille, tu devrais la chercher à coté d’un club de stripe- tease ou bien à coté du gang de motard, il parait qu’elle est très attiré par l’un d’eux.

Jared se retenu d’éclater de rire, il fallait voir la tête de ce pauvre professeur. Mais rassurez vous c’est simple… Imaginez-vous annoncer l’apocalypse à la personne la plus naïve au monde ! À Bob l’éponge par exemple ! Sa réaction fut à peu près la même, et c’était simplement à s’en tordre de rire, ce que le reste de la classe ne manqua pas de faire. Les traits de Monsieur Peterson se faisaient le plus en plus graves, ses sourcils se fronçaient, bientôt il pourrait peut-être même les faire se toucher ! Jared sentait que dans très peu de temps ils auraient tous les deux l’immense plaisir de voir un spectacle digne de ce nom, Monsieur Peterson se mettrait-il à pleurer sa mère ou entrerait-il dans une rage indescriptible ? Quoi qu’il en soit Jared l’attendait ce moment là… Et Olivia aussi semblait-il, puisqu’au moment ou l’hilarité générale semblait s’être un peu calmée, la jeune fille ré-ouvrit la bouche. Jared lui, il jubilait, il attendait patiemment que le professeur le moins pédagogue du monde craque !

Olivia – D’ailleurs monsieur j’ai une question à vous poser !
Mr Peterson – de … de quoi ?
Olivia – je me demandais… comment se fait-il que votre fille soit aussi sexy et fasse courir tout les hommes ? parce que quand je vous voit vous et votre femme je me pose vraiment des questions. Je suis désolé de vous dire ça monsieur, mais je crois vraiment que vous êtes cocu depuis bien longtemps.

Jared en avait les larmes aux yeux, et Monsieur Peterson aussi d’ailleurs bien que se ne fût pas les mêmes larmes. Le vieux professeur voulu parler mais Jared pris la parole avant lui, pour le simple plaisir de le pousser encore au-delà de ses limites.

Jared – Visiblement Monsieur il faut croire que la philosophie n’amène pas que la paix intérieure ! … Enfin je veux dire vous par exemple au moins elle vous a libéré de votre femme ! C’est vrai quoi il faut l’avouer, elle a quel âge ? Soixante ? Soixante-dix ? Non mais il faut vous rendre à l’évidence Monsieur Peterson elle est bien trop vieille pour vous… Y’a qu’à voir comment elle vous laisse vous habiller ! Il faut être inhumain pour laisser son mari porter ce genre de vêtement ! Regardez, votre chemise par exemple, vous l’avez acheté quand ? Même les pharaons d’Egypte ancienne n’auraient jamais osé la porter ! Et puis votre pantalon ! Il faut vous rendre à l’évidence ! Le velours c’est démodé ! Vous êtes aware Monsieur Peterson !!
Mr Peterson – STOP ! Il suffit vous deux maintenant ! Sortez de mon cours sur le champ avant que je ne fasse venir le proviseur !
Jared – Enfin Monsieur Peterson ne vous vexez pas on essayait juste de vous aid…
Mr Peterson – DEHORS !!

Il avait crié. La voix fragile, tremblante, il avait hurlé comme jamais, et Jared fut lui satisfait comme jamais. Voilà ce qu’il se passait lorsqu’on s’en prenait à lui, à Olivia, à leur duo infernal et si redouté ! Jared rangea son rumik’s cube dans son sac qu’il mit sur son épaule en souriant très largement.

Jared – Je t’offre un café Olivia ? … Au revoir Monsieur Peterson ! Au plaisir hein !

Jared, sorti de la salle suivit par Olivia et prit bien soin de se faire entendre du pauvre professeur qui était en train d’essayer de récupérer un peu de l’autorité, qu’il avait pourtant définitivement perdue ce matin là…